« L'investissement thématique fait partie de notre tradition »
D'un seul coup, trois fonds thématiques durables gérés par l'Asset Management de la Zürcher Kantonalbank font leur entrée sur le marché. René Nicolodi, responsable Equity & Themes, souligne l'expertise de longue date derrière ces tout nouveaux produits. Et il précise ce qu'ils doivent absolument accomplir.
René, le slogan concernant les nouveaux fonds thématiques durables est « Pourquoi pas investir dans l'avenir »? Nous posons la question suivante : pourquoi Swisscanto lance-t-elle ces produits - et pourquoi maintenant ?
Ce lancement estl'extension logique de notre expertise en matière de gestion d'actifs avec des fonds thématiques durables. Ce savoir-faire existe déjà depuis de nombreuses années. Pour nous, la durabilité n'est pas un effet de mode, mais un élément central de notre processus d'investissement, et ce depuis trois décennies. L'actuelle « Earth Night », qui incite à protéger l'environnement et marque le lancement de notre campagne, souligne l'importance de l'approche durable.
Trois nouveaux fonds thématiques sont lancés. Ils sont consacrés à trois grands défis qui occuperont l'humanité pendant des générations : Il s'agit d'une part de l'aspiration à une longue vie en bonne santé, d'une utilisation plus respectueuse des ressources et, enfin, de la méga tendance à la numérisation. Pourquoi ces thèmes d'investissement sont-ils aussi attrayants ?
Les thèmes mentionnés peuvent, selon nous, profiter de moteurs de croissance structurels à long terme et bénéficier d'un vent politique favorable. Cela peut à son tour agir comme un catalyseur pour les investissements. Les besoins devraient être énormes, comme le montre le seul exemple de la numérisation : Selon certains experts du secteur, les dépenses en informatique vont doubler au cours des dix prochaines années. Avec nos fonds thématiques, nous voulons investir activement dans des entreprises qui peuvent profiter de manière disproportionnée de ces évolutions.
L'aspect de la durabilité joue un rôle important dans ces fonds. Pourquoi ?
Les entreprises qui adaptent rapidement leurs produits et services aux défis durables, comme la protection du climat,bénéficient selon nous d'un avantage stratégique et peuvent profiter d'une forte demande. Ainsi, les stratégies de placement répondent également à l'objectif premier : à savoir réaliser un rendement financièrement attractif pour les investisseurs. Dans ce contexte, nos fonds thématiques se concentrent sur des entreprises sélectionnées qui contribuent de manière significative à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies.
« Le risque est plutôt de ne pas être investi dans les opportunités de l'économie numérique. »
La grande majorité des personnes souhaitent être en bonne santé et se sentir bien dans leur vieillesse - c'est également un objectif de développement durable des Nations unies. Ce souhait crée des opportunités d'affaires : les opportunités économiques de la longévité résident-elles uniquement dans la « silver economy », c'est-à-dire dans les produits et services destinés aux personnes âgées ?
Non, la longévité doit être considérée comme un thème intergénérationnel. Ainsi, le besoin de bien-être semble également croître chez les jeunes ; c'est donc logiquement que la prévention des maladies, par exemple, est un élément important de l'objectif d'investissement de notre nouveau fonds thématique. Bien entendu, des solutions structurelles sont également nécessaires pour faire face aux changements démographiques. Si ces solutions sont mises en œuvre, nous pensons qu'il y a beaucoup à gagner : La longévité en bonne santé peut être considérée comme l'un des plus grands marchés de croissance inexploités.
Le thème de l'investissement dans l'économie circulaire s'adresse directement à la problématique de notre société du tout-jetable. Quel est le potentiel ?
L'économie circulaire vise à rompre avec les pratiques commerciales linéaires actuelles, par lesquelles l'économie se dirige directement vers un énorme excédent de la demande en ressources disponibles. Le principe des quatre r - « réduire, recycler, réutiliser, remplacer » est un contre-concept visant à limiter l'énorme consommation de ressources. La société de conseil Accenture attribue à ce changement de paradigme un potentiel de croissance de 4,5 billions de dollars d'ici 2030 dans tous les secteurs.
Enfin, on attribue souvent à la numérisation un pouvoir disruptif. Cela ne rend-il pas le sujet particulièrement risqué, y compris du point de vue des investisseurs ?
La numérisation continue, avec ou sans la contribution de l'intelligence artificielle, est un élément essentiel de la transformation structurelle de l'économie et de la société. Le risque est plutôt de ne pas être investi dans les opportunités de l'économie numérique. En effet, le changement alimenté par la numérisation peut agir comme un moteur pour la prospérité économique et aider à la percée de nouveaux modèles commerciaux ainsi que de services et de produits innovants. Depuis longtemps, ce moteur ne concerne plus uniquement le secteur technologique, mais touche pratiquement tous les secteurs économiques et domaines de la vie. Les solutions numériques et les télécommunications peuvent également avoir un effet intégrateur : Par exemple dans l'éducation ou dans l'accès aux services financiers et de santé. Les solutions numériques peuvent également aider à relever les défis écologiques. Par exemple, les solutions numériques permettent de réduire l'impact négatif de l'agriculture sur l'environnement.
Aperçu des fonds thématiques durables
Quel est le thème adressé par les nouveaux fonds qui te préoccupe le plus personnellement ?
Tous les thèmes m'intéressent au niveau personnel, notamment en ce qui concerne leur impact sur la société et l'économie. En même temps, je trouve remarquable que les différents thèmes abordent certes des défis très différents, mais qu'ils sont en même temps fortement liés entre eux. Ainsi, la lutte contre le changement climatique n'est guère envisageable sans les outils de l'économie numérique. De même, la préservation de la ressource en eau ne peut se faire sans le principe de l'économie circulaire. Du point de vue des investisseurs, les spécificités des différents thèmes sont également intéressantes : les fonds peuvent ainsi être utilisés comme des modules qui se complètent mutuellement dans un portefeuille d'actions global.
Les investisseurs craignent parfois de devoir sacrifier le rendement au profit de la durabilité. Cette crainte est-elle justifiée ?
Les fonds de placement doivent créer de la valeur ajoutée pour les investisseurs. Cela vaut aussi bien pour les stratégies de placement durables que non durables. Notre objectif est de générer une surperformance par rapport à l'indice de référence en sélectionnant des titres thématiques durables et en nous concentrant sur des critères de qualité. Cela est particulièrement pertinent pour les stratégies de placement thématiques. Miser uniquement sur la croissance ne suffit pas. En effet, ce n'est que si la croissance est également rentable qu'elle peut créer une plus-value financière qui se reflète dans la hausse de la valeur des entreprises.
« La stratégie d'investissement durable globale gère aujourd'hui plus de 5 milliards de francs suisses. »
Du point de vue des investisseurs, l'expérience d'un gestionnaire d'actifs avec les produits concernés, ce que l'on appelle le trackrecord, est d'une importance capitale. Est-ce un handicap pour les tout nouveaux fonds ?
Les investissements thématiques durables sont une tradition chez nous. La Zürcher Kantonalbank effectue des recherches sur le développement durable depuis 1996. Dans le domaine de la gestion d'actifs, nous avons lancé notre premier fonds d'investissement durable en 1998 ; la stratégie d'investissement durable globale gère aujourd'hui plus de 5 milliards de francs suisses. Parallèlement, l'expertise des fonds thématiques existants sur l'eau et le climat existe depuis 17 ans.
Quels sont les clients que Swisscanto veut gagner avec ces arguments ?
L'accent est mis en premier lieu sur nos partenaires wholesale en Suisse ainsi que sur la clientèle gérée par nos filiales à l'étranger. D'une manière générale, les fonds thématiques de Swisscanto s'adressent à un public d'investisseurs qui a reconnu l'importance et les opportunités à long terme des mégatendances dans le contexte du portefeuille. Il est important d'avoir un horizon large : les fonds s'orientent en effet sur des évolutions qui se déroulent à long terme et qui ont une portée globale.
La demande potentielle ne viendra pas seulement de Zurich, n'est-ce pas ?
Nous souhaitons nous adresser à des clients de toute la Suisse et de l'étranger. C'est le cas en Allemagne et en Italie, où des équipes de vente locales sont désormais présentes à Francfort et à Milan. Qu'ils soient proches ou lointains, tous les investisseurs sont soumis à la même règle : la fortune des fonds thématiques est exclusivement gérée en Suisse. La stratégie de placement associe des analyses fondamentales, quantitatives et durables.
Maintenant que le lancement est terminé, reste-t-il du temps pour respirer ? Ou les prochains fonds thématiques sont-ils déjà en préparation ?
Le vrai travail commence maintenant. En effet, les nouveaux fonds thématiques doivent faire leurs preuves sur le marché et auprès des clients. De plus, nous nous consacrons continuellement au développement de notre pipeline de produits.