Etude sur les caisses de pension en Suisse en 2022 : Des rentes plus élevées se profilent à l’horizon – seule la situation actuelle du marché pèse sur leur niveau
Communiqué de presse du 8 juin 2022
- La santé des caisses de pension s’est nettement améliorée grâce au rendement de placement de 8,4% en moyenne
- Grandes différences de performance et de rémunération selon les caisses
- Des parts d’obligations élevées ne protègent pas contre la baisse de valeur en cas d’inflation – les actions sont toujours incontournables dans le mix d’investissement
- Les caisses peuvent tenir leurs promesses de prestation ; redistribution entre assurés et retraités stoppée
- Les femmes sont fortement sous-représentées dans les conseils de fondation
2021 a été une année couronnée de succès pour les caisses de pension suisses. C’est ce que montre la 22e édition de l’étude Swisscanto sur les caisses de pension. Les institutions de prévoyance ont généré un rendement net moyen de 8,4%. Il s’agit du deuxième meilleur résultat de la dernière décennie et d’un résultat nettement supérieur à la moyenne décennale de 5,4%. Les caisses utilisent les rendements élevés générés au cours des dernières années de manière ciblée afin d’améliorer leur santé financière. Cette situation de départ confortable leur donne désormais plus de marge de manœuvre, notamment en ce qui concerne la rémunération des avoirs de vieillesse. Les assurés actifs ont bénéficié d’une rémunération plus élevée – toutes caisses confondues, celle-ci a été de 4,25% en moyenne en 2021, soit le niveau le plus élevé depuis 2001.
Redistribution entre assurés et retraités stoppée
Les caisses de pension ont mis à profit les années fastes pour faire le nécessaire afin de se positionner au mieux pour l’avenir: elles ont adapté le taux d’intérêt technique, augmenté les réserves de fluctuation de valeur, sont passés aux tables générationnelles, ont abaissé le taux de conversion et relevé l’âge de la retraite. Tout cela signifie que la redistribution non systématique des assurés actifs aux retraités a pu être stoppée.
Cependant, une société à deux vitesses a émergé dans les institutions de prévoyance: les caisses qui avaient déjà accumulé plus de 75% de leurs réserves de fluctuation de valeur ont pu rémunérer deux fois plus haut les avoirs de vieillesse de leurs assurés que les caisses disposant de moins de réserves. Pour les élèves modèles parmi les caisses de pension, la voie vers un renversement de tendance est libre: à l’avenir, ils pourront rémunérer plus cher les avoirs de vieillesse de leurs assurés actifs. Les assurés des caisses qui n’ont pas pris les mesures nécessaires à temps sont laissés pour compte. Si les réserves sont insuffisantes, les avoirs de votre caisse de pension ne rapporteront qu’un intérêt inférieur à la moyenne. Pour les assurés, la caisse auprès de laquelle ils sont assurés par l’intermédiaire de leur employeur joue un rôle décisif.
Les meilleures caisses offrent des rendements plus de dix fois supérieurs aux autres
Un rendement de placement durablement élevé restera également essentiel à l’avenir pour assurer une bonne rémunération des avoirs de vieillesse. En termes de performances, l’écart entre les rendements les plus faibles et les plus élevés est très large, tendance qui ressort de l’étude depuis des années. En 2021, la valeur la plus basse était de 1,34% et la meilleure caisse a réalisé un rendement de 15,97%, plus de dix fois supérieur. Cela se traduit également à moyen terme sur cinq ans: le dixième des caisses les moins performantes ont pu générer un rendement de 3,88% par an; le dixième le plus performant a un rendement annuel de 7,21%. Ces différences sont dues à des raisons structurelles, telles que la taille de la caisse, les caractéristiques du secteur et l’allocation de fortune.
Les obligations n’offrent pas de sécurité dans les turbulences actuelles des marchés
En termes de mix d’investissement, les caisses de pension ont misé en 2021 sur une quote-part d’actions record de 33,7% en moyenne. L’allocation de fortune est cruciale et sa pertinence s’est encore accrue depuis le début 2022 avec la guerre en Ukraine, les problèmes mondiaux de chaîne d’approvisionnement et la hausse des taux d’intérêt: forme de placement supposée sûre, les obligations n’ont pas pu démontrer leurs qualités défensives en début d’année. Cela s’est traduit par des pertes pour toutes les caisses de pension suisses (–7,9% en moyenne pour les obligations en CHF et –7,2% pour les obligations en monnaies étrangères). En conséquence, de janvier à avril, les caisses de pension à positionnement défensif avec une forte proportion d’obligations ont subi presque les mêmes pertes que les caisses à forte composante en actions. Par exemple, le dixième qui a enregistré la plus faible performance au cours des cinq dernières années a subi des pertes de 5,2%, tandis que le dixième qui a affiché la meilleure performance a perdu environ le même montant l’an dernier, à savoir 5,1%. Les actions sont incontournables dans le mix d’investissement.
«L’année écoulée a montré de manière impressionnante à quel point les assurés profitaient lorsque leur caisse de pension prenait les mesures nécessaires et que la performance des placements était correcte. Celles qui ont de bonnes réserves doivent maintenant transmettre ces excédents aux assurés», déclare Iwan Deplazes, responsable Asset Management de Zürcher Kantonalbank. «Les placements restent l’élixir de vie des caisses de pension. Compte tenu de la situation actuelle du marché, il est plus important que jamais d’avoir une bonne stratégie de placement.»
Les caisses tiennent leurs promesses de prestation
Les taux de couverture n’ont jamais été aussi élevés qu’à fin 2021: ils ont atteint en moyenne 122,1% pour les caisses de droit privé, soit 6 points de pourcentage de plus que l’année précédente. Cette situation a notamment été due à l’évolution positive du marché des actions. Alors que les taux de couverture ont longtemps oscillé autour de 110%, la courbe s’est fortement redressée depuis 2018 et a augmenté de plus de 13 points de pourcentage. Avec une valeur de 122,1% fin 2021, les caisses ont pour la première fois dépassé la valeur cible de 18,5% qu’elles s’étaient elles-mêmes fixée pour les réserves de fluctuation de valeur. Et cela, malgré le fait que les conseils de fondation aient augmenté la valeur moyenne des institutions de prévoyance de droit privé de 15,9% à 18,5% depuis 2012. Les caisses disposent, par conséquent, de fonds libres pour l’amélioration des prestations. Cependant, la situation actuelle du marché a fait que le taux de couverture est à nouveau légèrement inférieur à l’objectif, à 117,3% fin mars 2022.
Le revirement des taux d’intérêt empêche le taux d’intérêt technique de chuter
Les réserves solides permettent un revirement de tendance du taux d’intérêt technique. Celui-ci se base sur la limite supérieure recommandée par la Chambre suisse des experts en caisses de pension et montre les engagements financiers à long terme avec lesquels les institutions calculent. En 2021, sur la base de leurs calculs, les experts ont recommandé d’augmenter le taux compte tenu de la hausse des taux d’intérêt; une autre recommandation de ce type pourrait suivre en 2022. Cela signifie que les taux d’intérêt techniques moyens actuels sont désormais inférieurs à la limite supérieure recommandée – les caisses évaluent donc leurs promesses de pension de manière réaliste. Le taux de conversion, en revanche, continuera de baisser selon les chiffres de l’étude sur les caisses de pension: pour les hommes ayant l’âge de la retraite à 65 ans, il passera d’une moyenne de 5,43% en 2022 à 5,25% en 2026.
«Les caisses sont en bonne santé et peuvent tenir leurs promesses de prestation. On assiste à un revirement de tendance: la redistribution des assurés actifs aux retraités a finalement pu être stoppée. Des rentes plus élevées se profilent à l’horizon», déclare Heini Dändliker, responsable Key Account Management clientèle entreprises Suisse chez Zürcher Kantonalbank.
De nombreuses caisses anticipent la réforme de la LPP
Dans leurs propositions de projets de réforme actuellement en discussion, le Conseil national et la Commission du Conseil des Etats souhaitent abaisser le seuil d’entrée, alors que le Conseil fédéral n’a pas abordé ce sujet dans la réforme LPP. Les travailleurs à temps partiel et les personnes qui exercent de multiples emplois sont actuellement désavantagés s’ils gagnent moins de 21 510 francs par an. Dans un quart des caisses participant à l’étude, ce seuil est déjà inférieur ou variable. Des discussions sont également en cours pour réduire la déduction de coordination, qui défavorise particulièrement les travailleurs à temps partiel. Cependant, 86% des institution de prévoyance proposent déjà des modèles de déduction de coordination flexibles. La déduction est liée soit au degré d’activité, soit au salaire assuré. Avec certaines caisses, elle disparaît complètement. Seule une minorité de 14% recourt encore aux déductions de coordination fixes, sans pondération du degré d’emploi. Les caisses ont parfois une longueur d’avance sur la politique concernant ces questions.
Guère de progrès pour les mesures de CO2
Un tableau différent apparaît, par contre, concernant un autre sujet pertinent: l’intégration des critères de durabilité. En 2021, 33% des caisses ont certes déjà intégré des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise (ESG) dans leur règlement de placement, alors qu’ils n’étaient que 25% en 2020. Mais ce sont surtout les grandes caisses qui accordent toute l’importance qu’elle mérite à cette thématique. Les petites caisses ont six ans de retard. On ne constate guère d’évolution dans la mesure de l’intensité carbone des portefeuilles ou la fixation d’objectifs réels de réduction: seuls 6% ont un objectif de réduction concret et 10% commencent à y réfléchir.
Forte sous-représentation des femmes dans les conseils de fondation
Dans le cadre de l’étude, les caisses de pension ont pour la première fois été interrogées sur la composition et le travail des conseils de fondation. Le conseil de fondation est composé de huit personnes en moyenne, qui appartiennent généralement à l’entreprise. En ce qui concerne les décisions de placement, environ 80% de toutes les institutions de prévoyance s’appuient sur un comité de placement et presque toutes les grandes le font. Bien que les femmes représentent 43% des assurés, elles ne sont que 22% à être représentées dans l’organe de direction des caisses.
A propos de l’étude
Quelque 475 institutions de prévoyance ont participé à la 22e édition de l’étude Swisscanto sur les caisses de pension. Les actifs enregistrés des participants s’élèvent à 806 milliards de francs et représentent au total près de 3,8 millions d’assurés. Les participants gèrent environ 76% de l’avoir de prévoyance en Suisse selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique pour 2020.
D’autres informations sont disponibles à l’adresse: pensionstudy.swisscanto.com