Etude 2024 sur les caisses de pension suisses: un financement solide pour de meilleures prestations – les assurés prennent plus de risques dans le 2e pilier

Communiqué de presse du 29 mai 2024

  • Les caisses de pension ont mis un terme à la baisse des prestations, qui perdurait depuis longtemps
  • Une caisse sur sept prévoit une amélioration des prestations – 61% misent sur des versements uniques, et seulement 39% sur des augmentations de pension
  • Les assurés assumeront davantage de risques à l’avenir, car les caisses adaptent leurs prestations à l’évolution des marchés financiers de manière plus flexible
  • La plupart des caisses ont une longueur d’avance sur la réforme LPP : la majorité a déjà adapté la déduction de coordination pour améliorer la situation des travailleurs à temps partiel
  • La réduction prévue du taux de conversion minimal LPP de 6,8 à 6,0% ne toucherait qu’une minorité des assurés

Le 2e pilier est stable à l'approche du vote sur la réforme LPP. La 24e édition de l'étude sur les caisses de pension en Suisse le confirme: la baisse des prestations, en vigueur depuis longtemps dans la prévoyance professionnelle, a été stoppée. Après une bonne année boursière en 2023, la situation financière des caisses de pension est solide et, pour la première fois, on entrevoit à nouveau une amélioration pour les prestations.

Les bons rendements permettent d'étoffer les réserves et d'augmenter les prestations

Durant l’année de placement 2023, les caisses de pension ont réalisé un rendement net moyen de 5,1%, ce qui leur a permis de renforcer considérablement leurs réserves financières. Après avoir reculé de 122,1% à 110,1% en 2022 en raison des rendements négatifs, le degré de couverture des caisses de droit privé s'est déjà redressé à 113,5% fin 2023. Près de la moitié des caisses ont rempli leurs réserves de fluctuation de valeur à 75% au moins et seraient donc prêtes à améliorer leurs prestations.

Le rendement moyen des 10% meilleures caisses de pension s’élevait à 8,2% en 2023, tandis que les 10% moins bonnes atteignaient 2,3%. «L'amélioration des performances des caisses profite directement aux assurés: à la fin de l'année 2023, les plus performantes ont rétabli un degré de couverture élevé et ont significativement alimenté leurs réserves de fluctuation de valeur. Cela leur a permis de faire bénéficier les assurés actifs d'un taux de rémunération de 3,7%, nettement supérieur au taux minimum prévu par la LPP», se réjouit Iwan Deplazes, responsable de l'Asset Management de la Zürcher Kantonalbank. Les caisses les moins performantes ont rémunéré les avoirs de vieillesse des as-surés actifs à 2,0%. La moyenne de toutes les caisses s’est élevée à 2,44%.

L’évolution des taux de conversion est également favorable. Après une période de baisse durant les 15 dernières années, la courbe montre désormais un aplanissement notable. Le taux de conversion moyen s’élève actuellement à 5,31%, et les caisses prévoient qu'il sera de 5,23% d’ici 2029. Cette tendance se reflète également dans le taux de remplacement, qui mesure la contribution de l’AVS et de la LPP à la prévoyance vieillesse. Pour un salaire annuel de CHF 80'000, il reste à 70% pour la troisième fois consécutive. En d’autres termes, les prestations des 1er et 2e piliers se sont stabilisées.

Des prestations flexibles plutôt que des garanties à long terme

D'après les indicateurs, les caisses de pension devraient bientôt verser à nouveau des prestations plus élevées, notamment en raison de l'amélioration des perspectives de rendement depuis le revirement des taux. Les caisses s’attendent à un rendement de 3% pour 2024, contre 2,7% l’année précédente. Cette tendance à la hausse se reflète également dans le taux d’intérêt technique, qui fixe les prévisions de rendement à long terme des caisses de pension. La moyenne de l'ensemble des caisses est passée de 1,54% à 1,57%.

Malgré les signaux positifs, les caisses de pension hésitent à accroître leurs garanties de prestations. Seules trois des 483 caisses interrogées ont relevé leur taux de conversion. «Bien que 14% d'entre elles prévoient d'améliorer les prestations des retraités cette année, cette tendance reflète également une réticence face aux engagements à long terme: seuls 39% de ces caisses octroient des augmentations de rente. Les 61% restants misent sur des paiements uniques», constate Heini Dändliker, responsable du Key Account Management et responsable du Marché suisse de la clientèle entreprises de la Zürcher Kantonalbank.

Les assurés sont davantage exposés aux opportunités et aux risques du marché

La tendance à la flexibilité des prestations peut être interprétée comme une réaction à ce que les caisses ont vécu au cours des 20 dernières années. Les secousses boursières à répétition ont accru le besoin de sécurité des caisses de pension. Celles-ci cherchent des moyens de s'adapter avec souplesse à l’évolution des marchés financiers. Pour les assurés, ce changement a des conséquences directes: si moins de prestations sont garanties, elles dépendent de plus en plus de l’évolution de la bourse. Les assurés supportent donc davantage les risques des placements. Si les cours augmentent, l'institution de prévoyance en profite. S'ils baissent, elle en pâtit.

Avec des rendements élevés comme l’année dernière, les assurés sont gagnants: les retraités bénéficient de versements uniques et les assurés actifs, d’une meilleure rémunération de leurs avoirs d’épargne-vieillesse. En 2023, ceux-ci ont été rémunérés en moyenne à 2,44%, les caisses plus performantes ayant tendance à être plus généreuses. Les caisses de pension ont arrêté la redistribution des jeunes aux vieux et la procédure de couverture du capital est à nouveau conforme à son principe.

Une longueur d’avance sur la réforme

Cet automne, le vote sur la réforme de la LPP placera la prévoyance professionnelle au centre des discussions politiques. Mesure centrale, la flexibilisation de la déduction de coordination permet de mieux prendre en compte la situation des travailleurs à temps partiel. La plupart des caisses tiennent déjà compte des évolutions de parcours professionnel : 89% font varier la déduction de coordination en la pondérant selon le taux d’occupation, ou y renoncent complètement. Il faudrait plutôt agir au niveau du seuil d’entrée LPP : à peine un tiers des institutions l'ont abaissé ou appliquent un seuil d’entrée variable.

La réforme prévoit en outre une réduction du taux de conversion minimum LPP de 6,8 à 6,0% afin de répondre à l’allongement de l’espérance de vie et à l’environnement de marché plus difficile pour les caisses. Comme le montre l’étude des caisses de pension suisses, cela ne concernerait qu’une petite partie des assurés. Pour 13% des caisses de pension, cette mesure entraînerait une réduction des rentes pour les jeunes retraités.

Les caisses favorisent la flexibilité

Le thème central de l’étude actuelle met en lumière les possibilités d’aménagement dans le domaine de la prévoyance professionnelle. Il en ressort que de nombreuses caisses de pension favorisent la flexibilité dans le cadre du 2e pilier. Alors que les possibilités de choix sont établies pour les cotisations d’épargne, les caisses de pension se montrent plutôt prudentes en ce qui concerne les options de versement de prestations, comme le choix du montant de la pension de partenaire ou les modèles de pension flexibles. Ces derniers sont également étroitement liés à la performance, ce qui souligne la tendance vers des versements flexibles.

A propos de l'étude

483 institutions de prévoyance ont participé à l'étude 2024 sur les caisses de pension, qui en est à sa 24e édition. La fortune déclarée des caisses participantes s'élève à 770 milliards de CHF, pour un total de 4,1 millions d'assurés.

 

D’autres informations sont disponibles à l’adresse: pensionstudy.swisscanto.com